Discussion:Dagobert III

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Il est mort assassiné en 715 (première phrase), puis mort une nouvelle fois en 721 (en milieu de page). Je ne sais pas quelle est la bonne date mais il y en a au moins une de fausse. D'où vient cette Edonne ? De quelle source sérieuse ? Les articles sur les rois fainéants devraient tous être revus ! Je viens de supprimer Edonne une nouvelle fois. Elle est sur la page Faux Mérovingiens. - achille-41 17 juin 2007 à 18:05 (CEST)[répondre]

Les dates de Dagobert - à propos des éphémérides de 715[modifier le code]

Un peu patience : je n'ai pas fini mes ajouts / corrections achille-41 (d)

Dagobert III, roi sans importance, est aussi un roi sans histoire. Il n'est même pas mort assassiné : c'est une confusion avec Dagobert II, confusion fréquente qui dure depuis le Moyen âge et qui se perpétue parfois aujourd'hui. C'est le Liber Historiae Francorum - cité sur la page de son article - qui nous dit qu'il est mort "affaibli par la maladie" après cinq ans de règne. C'est notre seule source pour la maladie et il n'y a pas de raison pour la rejeter.

La date peut évidemment se discuter ; nous sommes au haut moyen âge : toutes les dates son établies péniblement, généralement en croisant des données provenant de toutes sortes de documents, eux-mêmes plus ou moins problématiques. Et comme on a toujours un petit doute sur la manière dont les auteurs comptent les années, il faut admettre qu'il y a toujours, en fin de parcours, des incertitudes. Les Mérovingiens ne sont pas de bons clients pour les fabricants d'éphémérides.

La date de 715 est bien établie et ne devrait guère poser de problèmes ; elle est donnée par toute une série d'Annales, dont celles de Lorsch, qui mentionnent sa mort sous l'entrée de cette année-là (cf. Krusch, p. 502 ; Weidemann, p. 200). Peut-on préciser davantage ? La date la plus souvent reproduite est celle du 24 juin. Elle vient de L'Art de vérifier les dates (édit. de 1750, p. 483) ; c'est de là qu'elle a passé dans le dictionnaire de Quantin.

L'année 711 est celle de la mort de Childebert III - et par conséquent la date d'accession au pouvoir de Dagobert III, son successeur. Elle aussi vient des annales et n'est pas davantage contestée. L'Art de vérifier les dates précise : le 14 avril. Cette date est relativement importante, car elle est en quelque sorte le pivot autour duquel s'organise tout le système chronologique des rois fainéants.

Le problème, c'est que les Bénédictins de L'Art de vérifier les dates ne donnent pas leur(s) source(s). Un moment - grâce à Joseph Depoin et à l'érudition française[1]. - on crut les trouver dans les anciens obituaires perdus de Saint-Denis qu'un autre Bénédictin, dom Florimond Racine, aurait exploités dans son monumental Nécrologe de Saint-Denis-en-France resté manuscrit.[2]. Depoin , enthousiaste, écrit : "On compte par centaines les mentions... dont Racine n'a pu avoir connaissance que par les recueils antérieurs" (Depoin, p.208) ; parmi elles, il trouvait deux notices concernant Childebert III et Dagobert III, en parfait accord avec L'Art de vérifier les dates[3]. Mais l'éminent Levison, un des fleurons de l'érudition allemande, titillé par cette découverte, fit venir les deux in-folios de la B.N. en consultation à Bonn : il montra facilement combien l'étude de Depoin était superficielle, que Dom Racine ne connaissait rien de plus que l'obituaire imprimé en 1706 qu'il paraphrasait abondamment, que tout le reste était puisé de-ci de-là (y compris dans L'Art de vérifier les dates de 1750 - ainsi pour nos deux rois fainéants) ou même parfois inventé purement et simplement.

Le résultat de cette déroute française fut que Levison resta maître du terrain (il terminait d'ailleurs son article en rappelant dans un tableau ses propres résultats en matière de chronologie royale mérovingienne) et que l'état de la science allemande, magistralement dressé par Bruno Krusch dans un célèbre mémoire de 1920, est resté jusqu'à nos jours la base de toute étude chronologique poussée. Les manuscrits de la B.N - ainsi que leurs copies de la Mazarine - s'ensevelirent dans l'oubli et même si (mode POV) tous les problèmes qu'ils pourraient poser ne sont peut-être pas résolus, personne, à ma connaissance n'y est retourné voir.

Les dates des Bénédictins restent donc orphelines, venues d'on ne sait où, mais elles sont constamment répétées chez les érudits au moins jusqu'à la Première Guerre Mondiale - ce qui veut dire qu'en googlant à l'aveuglette on risque souvent de les rencontrer. On risque moins - mais on peut risquer quand même - de rencontrer une référence à Depoin et à sa "découverte".

Où en sommes-nous ? J'essaie de faire vite et simple, en laissant de côté divers documents dont il faudrait tenir compte - je ne vais en garder que deux en fait - et en m'appuyant sur un essai de mise à jour du schéma de Krusch par Margarete Weidemann.

Le premier document qui importe est un acte célèbre - mais dont nous n'avons pas l'original - par lequel le maire du palais Pépin (celui que nous appelons d'Herstal) et sa femme Plectrude accordent à saint Willibrord des privilèges pour le monastère de Susteren qu'ils avaient fondé. L'acte est daté du 2 mars de la 4e année du règne de Dagobert. Pépin étant mort le 13 décembre 714 et Dagobert ayant commencé à régner en 711, on peut en conclure que l'acte est de 714 et que le règne de Dagobert a commencé avant le 2 mars.

Évidemment, si son prédécesseur a tout de même attendu le 14 avril pour mourir, il y a une erreur quelque part...

En ce qui concerne la mort de Dagobert, un autre document - qui a fait l'objet de nombreuses discussions - nous embête : une donation d'Ermembert, vir illuster, et de sa femme Ermenoara au profit de Saint-Bénigne de Dijon, datable du 3 septembre de l'an 5 du règne. Dagobert, mort cette même année, aurait donc encore été vivant le 3 septembre.

On peut, avec des arguments différents, arriver à des intervalles un peu différents, mais rien n'est compatible avec l'Art de vérifier les dates.

On peut donc retenir pour Dagobert III : début du règne, entre début janvier et le 2 mars 711 ; fin du règne, entre le 3 septembre et la fin de l'année. Ce sont les intervalles de date aujourd'hui les plus sûrs.

J'ai volontairement laissé de côté des données issues des Gesta Abbatum Fontanellensium où il s'agit de la déposition de l'abbé Benignus et de son remplacement par Wando, des libéralités faites à celui-ci par Raganfred et par l'évêque de Rouen, puis du rétablissemnt de Benignus par Charles Martel après la fuite de Raganfred et de Chilpéric II. La discussion qui fait intervenir la date d'une donation de Raganfred dans un contexte politique où les événements se bousculent pourrait aboutir à dater l'avènement de Chilpéric II du 27 septembre 715 - et, par conséquent à reserrer la date de la mort de Dagobert entre les 3 et 26 septembre 715. Ce serait évidemment un progrès plus qu'appréciable. Mais la discussion est tout de même assez acrobatique, elle comprend (/mode POV) une certaine part d'hypothèses et elle ne me semble pas être devenue courante chez les spécialistes de chronologie ((mode pov/) - on peut en voir le squelette dans l'article de M. Weidemann (p. 205) qui paraît acquiéser.

Le 14 avril 711 et le 24 juin 715 (dont nous ne savons pas comment elles ont été calculées) sont sûrement des dates fausses. De toute manière toute date exacte doit être rejetée, car elle ne peut reposer sur rien d'autre que sur l'imagination de l'auteur.

notes et références

  1. Depoin, Joseph. Essai de fixation d'une chronologie des rois mérovingiens de Paris in : Bulletin historique et philologique, année 1905, pp. 205-214. L'article paraît avoir été bien reçu : voir le compte-rendu du tiré-à-part donné par Léon Levillain dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, 69, 1908, pp. 202-203. Certes, Levillain est plus prudent que Depoin, mais il y a dans les deux textes une petite pointe de défi dirigée vers Levison et Krusch. Pourtant, Molinier, qui avait mis le nez dans les manuscrits de Dom Racine en préparant son édition des obituaires de la Province de Sens, en avait conclu : "ce n'est qu'une compilation verbeuse et sans intérêt pour nos recherches" -cf. Molinier..., p. 305
  2. On connait l'existence de trois anciens obituaires de Saint-Denis, des IXe, XIIe et XIIIe siècles, tous disparus sans doute sous la Révolution. Seul le dernier est connu par Dom Félibien qui le fit imprimer en 1706 parmi les pièces justificatives de son Histoire de l'Abbaye royale de Saint-Denys en France, qu'il est préférable de lire dans la réimpression de Molinier, typographiquement plus lisible et accessible par index. Ce document ne cite pas nos deux Mérovingiens
  3. Les notices de Childebert et de Dagobert se présentent ainsi : "Le 14e jour d'avril 711, mourut et fut enterré à Choisy-sur-Aisne, dans l'église de Saint-Étienne, Childebert III, surnommé le Juste... Le 24e jour de juin 715, mourut Dagobert III dit le Jeune, roi de France et bienfaiteur de ce monastère..." Il suffit de comparer la notice de Chidebert avec l'extrait du Liber Historiae donné sur la page de l'article pour se convaincre que Racine avait celui-ci sous les yeux

Bibliographie

Depoin, Joseph. Essai de fixation d"une chronologie des rois mérovingiens de Paris, in Bulletin historique et philologique, année 1905 (paru en 1906), pp. 205-214.

Félibien, Michel. Histoire de l'Abbaye Royale de Saint-Denys en France... Paris, F. Léonard, 1706.

Levison, Wilhelm. Das Nekrologium von Dom Racine und die Chronologie der Merowinger, in Neues Archiv..., 35, 1909 (paru en 1910), pp. 15-53.

Molinier, Auguste, édit. Obituaires de la Province de Sens. Tome 1. Diocèses de Sens et de Paris. Première partie. Paris, 1902. Coll. Recueil des Historiens de la France.

Weidemann, Margarete. Zur Chronologie der Merowinger im 7. und 8. Jahrhundert, in Francia, tome 25 /1, 1998, pp.177-230.

Bonsoir, effectivement le sujet semble très complexe.
Après une rapide recherche, je n'ai malheureusement pas trouvé de traduction française des actes que cite Achille. Pire il semble qu'il n'existe plus d'originaux de ces documents :
- L'acte de Plectrude se trouverait dans la Vita Willibrordi de Théofred d'Echternach qui aurait été écrite au onzième siècle.
- L'acte d'Ermenoara se trouverait dans la Chronique de l'Abbaye de Saint-Benigne qui date également du onzième siècle.
Ces deux documents mériterait une éditions critique en français.
Vu l'époque tardive des documents, vu l'absence d'étude récente sur le sujet, je pense qu'il faut retirer de l'article 715 ce fameux 24 juin. --Clodion (d) 4 mai 2012 à 22:41 (CEST)[répondre]
Je viens d'effectuer les modifications sur l'article 715. J'ai donné comme date "Durant le second semestre". --Clodion (d) 4 mai 2012 à 23:19 (CEST)[répondre]